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Page:Delly - L ondine de Capdeuilles.pdf/250

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L’ONDINE DE CAPDEUILLES


gêne, un ennui pour lui ! Puis elle savait bien que jamais, jamais, elle ne pourrait redevenir à son égard la simple et confiante petite fille d’autrefois.

Certainement, il avait dû la trouver très différente. Mais comme il ne lui en avait pas fait la remarque, il fallait bien penser que cette nouvelle Roselyne lui agréait. Il n’avait d’ailleurs pas cherché à avoir avec elle d’autre entretien seul à seule, comme autrefois avec sa petite fée. Certes, il s’était montré affectueux, très bon toujours. Mais Roselyne avait eu l’impression qu’il s’éloignait d’elle. Et depuis un mois qu’elle était ici, il n’avait écrit qu’une fois, dix mots, tout juste, sur une carte. Depuis, plus rien…

Cette nuit d’automne était d’une douceur merveilleuse. Au-dessus des bois, la lune montait, dépouillée de ses brumes, et répandait sa clarté recueillie sur la verdure sombre des vieilles futaies, sur l’étang aux rides légères, sur la berge où songeait Roselyne. La fraîcheur de la brise se parfumait de l’arôme des fleurs invisibles et des hautes fougères endormies dans la profondeur des sous-bois. Quelques insectes glissaient entre les herbes, regagnant sans doute leur gîte souterrain. Une feuille tombait, tournait un instant et s’abattait sur la berge, ou sur l’eau semblable à une