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L’ONDINE DE CAPDEUILLES


adoptée par la famille, l’autre ne se chuchota plus qu’en secret, lorsqu’on rappelait que Bernard de Salvagnes, marié depuis un an à une cantatrice hongroise dont il était passionnément épris, venait d’être abandonné par elle quelques mois avant le tragique événement.

Personne ne connut la pensée d’Odon sur ce sujet. Pendant deux ans, il voyagea. Entre temps, son père mourut. Il vint assister à ses derniers moments, qui furent plus édifiants que sa vie, le vieux fonds de morale chrétienne et de remords salutaire se réveillant tardivement. Toutes les affaires réglées, Odon repartit. Puis, son temps de deuil écoulé, on le revit à Paris, très élégant, très mondain, en pleine possession d’une intelligence souple et profonde, d’un esprit finement ironique et d’une puissance de séduction qu’il n’ignorait pas, loin de là. Depuis lors, il était devenu l’une des personnalités les plus en vue du monde de la haute élégance, tandis que ses études historiques lui faisaient, dans la littérature, un nom chaque jour plus apprécié.

Personne — pas même son aïeule, ni les vieux cousins Alban et Loyse, parents pauvres qu’il hébergeait sous son toit — personne ne pouvait se vanter d’avoir vu triste le marquis de Montluzac. Odon cachait jalousement ce coin de son