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Page:Delzant - Les Goncourt, 1889.djvu/145

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Et quand on aura vu l’album de Gavarni,
L’action surgira terrible…
(Un masque l’entraînant)
As-tu fini ! »


XVII

Henriette Maréchal.

(Suite.)

Donc, le 5 décembre 1865, par un temps très froid, à partir de deux heures de l’après-midi, une longue queue, bruyante et fiévreuse, déroulait ses anneaux vivants sous les arcades du Théâtre-français. Il y avait là des étudiants vrais et beaucoup d’autres, émigrés aussi du quartier latin, et qui, cédant facilement à un besoin de turbulence, tentaient d’égayer les longues heures de l’attente par des cris de bêtes, des chansons en chœur et des fantaisies de toute sorte. Ces jeunes gens comptaient, à l’ouverture du bureau, envahir le parterre qu’on laissait ordinairement à la disposition du public, réserve faite des trente ou quarante places occupées par les claqueurs. Mais l’administration du théâtre, prévenue du tapage que les petits journaux du quartier latin annonçaient sans vergogne, avait cru devoir renforcer la phalange des applaudisseurs. L’occasion s’était offerte d’elle-même. Le matin du jour de la représentation, M. Thierry avait reçu la visite de deux jeunes gens qui appartenaient à la rédaction d’un petit journal, l’Art, que l’éditeur Lemerre couvait dans sa boutique du passage Choiseul. Ils s’appelaient MM. Catulle Mendès et Xavier de Ricard ; ils venaient demander des places de combat pour leurs amis les Im-