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Page:Delzant - Les Goncourt, 1889.djvu/175

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religieux de France. Ils le dénoncèrent à Rome qui fulmina l’interdit. M. Ph. Serret, dans l’Univers, dénia aux auteurs jusqu’au droit de traiter un tel sujet : « On n’étudie pas la piété ; on ne l’analyse pas à froid comme le premier ordre venu de phénomènes scientifiques ; on la pratique ou l’on est condamné au malheur de l’ignorer complètement. Oui, sans doute, la vie sainte a ses lois, dont la connaissance est une science profonde et radieuse entre toutes les sciences ; mais cette science est interdite aux superbes, inabordable à qui prétend se placer au point de vue du libre examen et de la libre pensée… Il ne nous appartient pas, il n’appartient qu’aux saints et aux pénitents de décrire l’admirable ouvrage de la grâce dans les âmes élevées. »

Mais cette réprimande doucereuse et impersonnelle n’a pas la haute autorité de la critique que M. Barbey d’Aurevilly fit du livre dans le Nain Jaune. Le grand cardinal laïque, au bonnet gibelin et à la robe blanche, finit son article par une accusation qui a le mérite, qu’on trouve presque partout dans son œuvre, d’une originalité chevaleresque et d’une forme grandiloque. « L’hostilité contre le catholicisme au dix-neuvième siècle est autre que l’hostilité au dix-huitième. Au dix-neuvième, on est plus vieux, on est plus rassis, on est indifférent, sceptique et serein. On ne frappe point à tour de bras, même dans le dos ; mais on enfonce doucement la chose où il faut l’enfoncer et c’est ce que viennent de faire MM. de Goncourt. Il n’y a pas, dans tout leur livre de Madame Gervaisais un seul mot d’insulte, d’ironie, d’impatience contre le catholicisme. Les esprits innocents qui ne voient que les mots, trouveront ce livre aussi innocent qu’eux. Mais, allez ! pour qui voit à travers les mots leur lumière, jamais il ne fut livre où l’idée catholique ait été plus réellement visée et at-