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Page:Delzant - Les Goncourt, 1889.djvu/177

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dissimulent le plus souvent sous une fougue de brosse apparente et une brusquerie voulue, furent très attristés par ce résultat. On assure que l’état de santé de Jules, déjà mauvais, empira sensiblement à cette époque. Un succès aurait peut-être enrayé ou calmé pour longtemps sa maladie nerveuse. Le dernier livre qui devait naître de la collaboration des deux frères, où semble atteint le point culminant de leur talent, ne leur rapporta que tristesse. Il fut la cause de la mort de l’un et du désespoir de l’autre.


XX

La patrie en danger.

Après la bourrasque de Henriette en 1865, les auteurs étaient allés rebander leurs nerfs au Havre et étaient rentrés bientôt à Paris pour reprendre la vie de recherche et de travail. Leurs esprits n’étaient que momentanément détournés du théâtre. Le hasard, quelque temps après, leur ayant fait rencontrer, dans le salon de la princesse Mathilde, le général Ducrot, ils l’entendirent faire les prédictions les plus sombres, sur une guerre imminente avec la Prusse. Ses dires étaient confirmés par les correspondances intimes que MM. de Goncourt entretenaient avec leur cousin, M. Lefebvre de Béhaine, premier secrétaire de l’ambassade de France à Berlin. Leur émotion prit naturellement la forme dramatique qui est la mieux faite pour fouetter le patriotisme. Ils le sentaient vibrer sous le silence qui régnait alors.

Et le sujet habituel de leurs études, ce dix-huitième siècle auquel ils revenaient toujours, dont ils possé-