Je tiens ce détail de Dinah Félix.
Ce livre de la Faustin, mes confrères ne s’aperçoivent pas que c’est un livre autre que ceux que j’ai publiés. Ils ne semblent pas se douter qu’il y a, dans ces pages, une introduction toute nouvelle de poésie et de fantastique dans l’étude du vrai, et que j’ai tenté de faire faire un pas en avant au réalisme et de le doter de certaines qualités de demi-teinte et de clair-obscur littéraires qu’il n’avait pas. En effet, les choses de la nature ne sont-elles pas tout aussi vraies vues dans un clair de lune que dans un rayon de soleil de midi ?
Oui, il y a quelque chose de neuf dans mon dernier bouquin, et il ne serait pas impossible qu’il y eût, dans une vingtaine d’années, une école autour de la Faustin, comme il y en a une aujourd’hui autour de Germinie Lacerteux.
M. Paul Bourget, qui a analysé la Faustin avec une perspicacité pénétrante, en a condensé l’essence dans les lignes qu’on va lire. Une des moindres curiosités de l’évolution intellectuelle de M. de Goncourt n’est-elle pas d’avoir créé autour de lui une critique à son image et qui applique à son œuvre les procédés que lui-même il applique à la réalité : « Charles Demailly et Manette Salomon ne sont-ils pas l’étude des procédés par lesquels l’homme de lettres et le peintre absorbent, pour en sécréter la quintessence en livres et en toiles, les menus éléments de l’existence quotidienne ? La Faustin est l’étude des procédés par lesquels un système nerveux d’actrice s’assimile le monde qui l’environne. Et ce n’est pas une fantaisie qui pousse M. E. de Goncourt à persévérer dans cette voie de la micrographie romanesque, si l’on peut dire. Par nature et par éducation, M. E. de Goncourt possède une intelligence, suraiguisée jusqu’à la maladie, de la nuance infiniment ténue et de la créature infiniment raffinée. Il n’aperçoit pas,