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Page:Delzant - Les Goncourt, 1889.djvu/64

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et jolie recherche du détail auraient fait une petite histoire intime du temps. »

Il se rattache à ce premier chapitre un souvenir plaisant. À l’époque où il parut, en 1852, Louis de Cormenin, M. Maxime du Camp et M. Laurent Pichat étaient à la tête de la Revue de Paris. M. Maxime du Camp n’avait pas lu le manuscrit de M. Chut et, quand il trouva l’article mis en page, il fut si fort scandalisé par le style qu’il refusa de signer le numéro. Il était déjà l’homme qui écrivit à Flaubert la lettre « gigantesque » que ne renferment pas les Souvenirs littéraires, dans laquelle il lui demandait de donner cent francs pour qu’il pût charger Th. Gautier d’élaguer les scènes parasites de Madame Bovary !

C’était le temps aussi où M. His de la Salle, le fin collectionneur des dessins qu’il a légués au Louvre, faisait invasion dans les bureaux de la Gazette des Beaux-Arts et protestait, en élevant tragiquement ses longs bras jusqu’au plafond, contre le mot croqueton que M. Ph. Burty avait employé, à la suite des Goncourt, dans son compte rendu de leur Watteau.

On retrouvera, tiré de l’Artiste, un assez long travail sur l’Italie la nuit. Il fut interrompu par un scrupule des auteurs qui trouvaient la conception et la forme trop lyriques ou trop excentriques. Réduit à ce qu’il contient le morceau republié s’appelle plus justement Venise la nuit. Il semble échappé, tout sautillant, d’un carnet de notes, de croquis et d’aquarelles hâtives qui a été heureusement conservé, sur lequel les deux frères, dans leur premier voyage en Italie, jetaient leurs réflexions et, sous diverses formes, arrêtaient l’impression qui les frappait.

Il y a là aussi un long chapitre sur Bordeaux, puis le Voyage malencontreux dans lequel Tahureau les avait