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Page:Delzant - Les Goncourt, 1889.djvu/81

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le malheur ? Ont-ils appuyé, autant qu’il convient, sur les appels à l’étranger qui violait alors le sol français et que Jourdan et Carnot battaient à Wattignies à l’heure même où tombait la tête de la reine ?

L’impassibilité n’est pas le lot des hommes et surtout des écrivains artistes. Tacite et Guichardin, Saint-Simon et Michelet ne se défendaient pas d’introduire, dans les récits qu’ils animaient, l’enthousiasme et la passion. C’est de là qu’ils tiraient leur force et les ferments de leur éloquence. Il n’est juste de demander à l’historien que la bonne foi et le talent. L’Histoire de Marie-Antoinette en est toute pleine.


IX

L’art du dix-huitième siècle.

« Ce livre a été commencé par deux frères, en des années de jeunesse et de bonne santé, avec la confiance de le mener à sa fin… C’était leur livre préféré, le livre qui leur avait donné le plus de mal.

« Deux années encore et l’Histoire de l’Art français du dix-huitième siècle, — dans toutes ses manifestations véritablement françaises — était terminée. Une année allait paraître l’École de Watteau, contenant les biographies de Pater, de Lancret, de Portail, encadrées dans un historique de la domination du maître pendant tout le siècle. À cet avant-dernier fascicule devait succéder, l’année suivante, un travail général sur la sculpture du temps, d’où se serait détachée, comme l’expression la plus originale de la sculpture rococo, la petite figure du sculpteur Clodion.

« Ces deux années n’ont pas été données à la collaboration des deux frères. Le plus jeune est mort. Le