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Page:Demangeon - Le Déclin de l’Europe, 1920.djvu/117

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régnait en souveraine. On doit se demander si l’Europe, en perdant le monopole des transports par mer, ne risque pas de perdre le monopole du grand commerce d’entrepôt qui, depuis l’époque des découvertes, s’était fixé dans ses ports.

Depuis des siècles, l’Europe et surtout les nations commerçantes de l’Europe occidentale vendent au monde entier des denrées et des articles qu’elles ne produisent pas ; ce sont des marchandises que leurs bateaux amènent des quatre coins de l’univers dans leurs entrepôts et qu’elles redistribuent à leurs clients avec de gros bénéfices. Des matières premières en provenance de la Russie et de la Baltique étaient, avant la guerre, rassemblées à Londres et à Hambourg, puis réexpédiées à travers le monde. Des produits de l’Inde, de l’Extrême-Orient, de l’Australasie, de l’Amérique du Sud et de l’Afrique du Sud étaient apportés sur les grands marchés d’Europe d’où ils repartaient vers les pays acheteurs. De même, beaucoup d’articles manufacturés d’Europe et même des États-Unis étaient d’abord réunis à Londres et à Hambourg avant d’être réexportés vers d’autres points.