Aller au contenu

Page:Demangeon - Le Déclin de l’Europe, 1920.djvu/204

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’appela même au secours des Alliés en Méditerranée et en Sibérie, vint renforcer cette conviction. Des sentiments puissants sont nés dans l’âme japonaise : la confiance en soi, la fierté patriotique, la conscience de la dignité nationale, la volonté d’agir pour le bien et pour la gloire du pays, la conviction que l’honneur et l’intérêt de la nation marchent de pair, la notion qu’un peuple qui a conquis de grands droits sur la terre s’est imposé de grands devoirs vis-à-vis de lui-même et vis-à-vis des autres.

Jusqu’à ces dernières années, l’Europe et l’Amérique ont été les tutrices de l’Asie orientale dans son apprentissage de la civilisation moderne. Elles gardent parfois devant ces pupilles un ton de condescendance et de dédain qui blesse la fierté japonaise. Le Japon sent bien qu’on lui reproche de n’avoir participé à la guerre que dans la mesure de ses intérêts et d’en avoir tiré des bénéfices disproportionnés aux sacrifices de son intervention. Quand il compare son rôle limité à l’énormité des dépenses de l’Amérique, il souffre qu’on puisse l’accuser d’avoir profité des infortunes de ses Alliés ; il voit bien que, si les Occidentaux lui