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Page:Demangeon - Le Déclin de l’Europe, 1920.djvu/240

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les États-Unis que de conquérir le marché de l’Amérique latine ; avant la guerre, ils n’avaient pu que l’ébaucher ; grâce à la guerre, ils ont pu l’avancer.

L’afflux d’or qui se porta vers les États-Unis y détermina une véritable mobilisation de capitaux vers les affaires sud-américaines. De chaque côté, l’intérêt était patent. D’une part, sur les marchés de l’Amérique latine, la guerre avait paralysé l’action des bailleurs européens ; pour des pays où la circulation du capital étranger conditionnait le développement économique, ce grand cataclysme lointain pouvait devenir une catastrophe nationale ; au Brésil, au Chili et dans l’Argentine qui dépendaient du régime financier de l’Europe, on voulut se libérer d’une dangereuse tutelle et l’on se tourna vers les banques de l’Amérique du Nord. D’autre part, il s’agissait pour les États-Unis de trouver un emploi à ces capitaux que la guerre amenait d’Europe ; il s’agissait aussi de profiter des embarras de l’Europe pour s’établir sur ses domaines d’exploitation ; on savait bien que, la guerre terminée, elle ne retrouverait pas aussitôt ses moyens d’action et qu’elle devrait consacrer