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Page:Demangeon - Le Déclin de l’Europe, 1920.djvu/289

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pour transformer les sociétés à notre image. L’expérience indienne prouve le contraire. En réalité, les chemins de fer ont propagé indirectement l’influence brahmanique en rendant les pèlerinages aisés ; en réalité, la presse a aidé à développer l’idée nationale qui prend ses racines dans les traditions religieuses ; en réalité, l’éducation indigène a porté l’attention sur les vieux monuments de la sagesse hindoue auxquels on demande la solution des problèmes présents. Aussi ce que le peuple de l’Inde doit à ses gouvernants, c’est une conscience plus nette de ses droits[1]. » Dans le même esprit, sir Charles Dilke écrivait avec clairvoyance : « Ce n’est pas la Russie que nous avons à craindre pour l’Inde. Mais, par la destruction des diverses nationalités de l’Hindoustan au moyen de la centralisation et des chemins de fer, nous avons créé une Inde que nous ne pouvons pas combattre. C’est l’Inde elle-même et non la Russie qui est le danger, et notre tâche est de la concilier plutôt que de la conquérir[2]. »

  1. Vidal de la Blache. Le peuple de l’Inde. Annales de Géographie, 1906, p. 442.
  2. Sir Ch. Dilke, Greater Britain, p. 497.