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Page:Demangeon - Le Déclin de l’Europe, 1920.djvu/290

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Malgré un contact déjà séculaire, l’Anglais n’est pour l’Hindou qu’un étranger. Leur vie et leur esprit diffèrent trop pour se mêler. Sir Charles Dilke s’étonnait qu’une poignée d’Espagnols eût réussi à implanter sa langue en Amérique dans un pays deux fois plus grand que l’Europe, tandis qu’il existe dans l’Inde de nombreux villages où l’on n’a jamais vu un Anglais et que la plupart des paysans hindous ne connaissent l’administration anglaise que par des policiers indigènes cruels et corrompus. Certes, la domination britannique, distante et hautaine, tient les indigènes à l’écart ; et elle pourrait moins les heurter pour de petites choses auxquelles ils se montrent sensibles. Mais, en fait, ce sont vraiment les deux civilisations qui demeurent impénétrables l’une à l’autre. Il suffit de quelques hommes, conscients de cette incompatibilité, pour les opposer l’une à l’autre ; il suffit qu’ils connaissent la force de leur peuple et que ce peuple ait confiance en eux.

Ce que ces hommes observent dans leur pays, c’est que, malgré l’appareil d’une puissante civilisation matérielle, la pauvreté règne tou-