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Page:Demangeon - Le Déclin de l’Europe, 1920.djvu/45

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fonde et comment pourra se réparer cette perte de capital humain. Il ne semble pas que cette dépopulation affecte également les capacités économiques de tous les pays de l’Europe. Elle sera particulièrement lourde pour les nations chez lesquelles le développement du bien-être avait déjà tari les sources de la natalité comme la France ou commençait à les tarir comme la Grande-Bretagne et l’Allemagne. En France, pour remplir les vides laissés par la mobilisation, on avait dû faire appel à des Kabyles, à des Annamites, à des Chinois, à des Grecs, à des Portugais, à des Espagnols. Mais, la guerre finie, tous les Français n’ont pas repris leur place au travail ; nos pertes ont creusé des brèches irréparables dans la masse laborieuse ; la main-d’œuvre manque non seulement pour produire ce que nous consommons, mais encore pour fabriquer de quoi exporter largement. Cette raréfaction de la main-d’œuvre, qui fait hausser les salaires, paralyse la production des articles d’échange dont la vente à l’étranger nous assurerait une meilleure balance commerciale. L’Amérique souffre, à l’état chronique, de cette rareté de la main-d’œuvre ;