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Page:Demangeon - Le Déclin de l’Europe, 1920.djvu/49

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navigation, sollicitent de nouveaux colons. Il n’est donc pas probable que le flot d’hommes, déversé depuis plusieurs décades par l’Europe sur le monde, s’arrête de couler et meure de sitôt.

Mais on doit se demander si l’Europe pourra longtemps encore assumer cette fonction de semeuse d’hommes. Certains faits permettent de croire qu’elle se ralentira. Les États-Unis nous en fournissent la preuve. Le nombre des immigrants y a baissé de 1 403 681 en 1918-1914 à 366 748 en 1915-1916, 362 748 en 1916-1917, 211 853 en 191 7-1918 ; ce dernier chiffre est, avec les chiffres de 1861 et de 1862, le plus faible qu’on ait observé depuis 1844. Cette diminution des arrivées ne doit pas continuer sur le même rythme, mais il y a des raisons pour qu’elle ne s’arrête pas. D’abord le niveau social des immigrants s’abaisse tellement que la nation américaine craint de ne plus pouvoir les assimiler ; de nombreuses voix s’élèvent aux États-Unis pour proclamer que l’afflux des travailleurs ignorants et incultes qui viennent de l’Est et du Sud de l’Europe menace de submerger la civilisation américaine ; on prépare des mesures