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Page:Demangeon - Le Déclin de l’Europe, 1920.djvu/52

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d’Autriche-Hongrie venaient surtout non pas des Allemands ou des Magyars, mais des Slaves. Or, dans l’Europe Orientale, la guerre a mis fin à l’oppression des « races sujettes » par les « races dominantes » ; ceux que la misère et la persécution avaient chassés de chez eux y reviennent, maintenant qu’un ordre nouveau s’est établi : la maison est meilleure à habiter ; avec plus d’égalité et de liberté, il y fera meilleur vivre. C’est là certainement le grand fait nouveau qui ralentira l’émigration européenne.

Les industriels américains envisagent avec assez d’inquiétude ces tendances nouvelles ; la main-d’œuvre se recrutera difficilement ; les travailleurs manqueront aux usines. Les économistes considèrent ces départs comme un appauvrissement ; car ces ouvriers, qui ont gagné de gros salaires dans les fabriques de munitions, dans les chantiers navals et dans les autres usines, emportent avec eux, dans leur pays natal, de belles économies en dollars. Mais le phénomène dépasse l’économie américaine ; sa portée est universelle ; il nous révèle que le rôle de l’Europe comme productrice d’hommes