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Page:Demangeon - Le Déclin de l’Europe, 1920.djvu/51

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Les fonctionnaires des services de l’Immigration au port de New-York estiment que le mouvement doit s’amplifier et qu’il peut devenir un véritable exode.

Ces retours en masse signifient que, malgré les désastres de la guerre, les émigrants n’ont pas peur de retrouver en Europe les conditions économiques qui les en avaient chassés. Ils reviennent en effet le plus souvent dans un pays où les révolutions politiques et sociales leur assurent dorénavant de la terre libre, plus de liberté personnelle, moins de charges militaires ; quant au prix de la vie, ils en souffrent aux États-Unis et ils n’ont pas à le redouter davantage chez eux. C’est que, parmi les émigrants qui venaient d’Autriche-Hongrie et de Russie et qui formaient déjà la majorité de l’immigration, la plupart n’appartenaient pas à la race qui dominait politiquement ou socialement : 97 pour 100 de l’immigration russe aux États-Unis se composait de Juifs, de Polonais, de Lithuaniens, de Finnois, de Lettons ; parmi la population étrangère des États-Unis ceux qui parlaient russe ne représentaient que 3 pour 100 de ceux qui étaient nés en Russie. De même,