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Page:Demangeon - Le Déclin de l’Europe, 1920.djvu/67

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qu’il suppose que court sa créance. De là, la dépréciation des monnaies européennes et leur perte au change. Avant la guerre, 25 francs équivalaient à peu près à une livre sterling et cette livre valait 4,90 dollars américains. À la fin d’août 1919, il fallait 31 francs pour changer une livre, et cette livre n’équivalait à New-York qu’à 4,38 dollars. Au milieu de septembre 1919, après le départ d’une grande partie des troupes américaines, le change haussait toujours en France ; une livre anglaise s’achetait 38 fr. 50 ; un dollar américain, 9 fr. 13 ; le 6 décembre une livre, 41 fr. 57 ; un dollar, 10 fr. 78 ; si cette prime sur le dollar s’accroissait encore, les Anglais, les Français et les Italiens n’auraient plus le moyen de la payer ; leurs achats aux États-Unis devraient cesser.

Dans ces conditions, ce triomphe financier, qui fait des États-Unis les détenteurs du plus grand stock d’or et les bailleurs possibles de la plus grande somme de crédits, ne serait pas sans danger. Si le dollar américain se tient ferme ou monte encore, les Européens n’achèteront plus aux Américains que ce qui leur est absolument indispensable ; ils feront leurs autres achats en