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Page:Demangeon - Le Déclin de l’Europe, 1920.djvu/69

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De tous les pays d’Europe, c’est la France que la guerre a le plus éprouvée ; elle a lutté longtemps seule avec toutes ses forces ; elle a souffert dans sa chair et dans sa terre ; elle a épuisé ses ressources financières et fortement entamé son capital. Elle avait beaucoup prêté au monde ; beaucoup de ses créances s’effondrent ; elle doit emprunter, elle, la grande prêteuse. Ce renversement de fortune définit, mieux qu’aucun autre exemple, la situation de l’Europe vis-à-vis des États-Unis ; nous avons, plus que d’autres, besoin de l’appui financier des Américains pour nous renouveler et pour remettre en état notre beau patrimoine.

On a pu discuter, et l’on discutera certainement encore, sur la meilleure manière de « financer » l’Europe, sur la manière d’intéresser le peuple américain à ces placements étrangers nouveaux pour lui, sur la manière d’organiser cette vaste entreprise de crédits, (intervention de l’État ou simple initiative du capital privé), sur la nature des garanties que nous offrirons pour nos obligations. Mais un fait domine tout : l’ascension des États-Unis à l’hégémonie universelle. Lord Robert Cecil comparait la situa-