Aller au contenu

Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/102

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Dieu, n’a pas été rendue petite, mesquine et ridicule par les hommes.

Là, du moins, la campagne ne cesse pas un instant de se montrer à vous dans ses plus beaux atours. — De longs bouquets de saules forment les boucles de sa chevelure, les champs lui font une robe chargée d’épis et bordée de coquelicots ; elle a des prairies pour tablier, des roses pour écharpe, de l’aubépine pour parure ; et pour la mettre à l’abri du vent qui folâtre sans cesse, Dieu lui jette, tous les étés, sur les épaules une splendide mantille de riches moissons dorées. Tout y rayonne de poésie, frissonne d’espoir, étincelle de coquetterie. À chaque pas, la brise secoue dans l’espace les notes enivrantes et parfumées de sa gamme mystérieuse. Les jeunes filles, les oiseaux et les cloches babillent à qui mieux mieux. Tout chante, gazouille et murmure.

D’heure en heure — et même plus souvent — vous entrevoyez derrière les replis des chevelures de chênes séculaires, de jolis petits villages, qui cachent discrètement leurs jolis maisons blanches sous des draperies de feuillage comme une naïade surprise au bain par quelque fauve et libidineux satyre.

Au loin la chaîne des Pyrénées semble heurter le ciel de ses cimes dentelées. À droite et à gauche