Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/103

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se dessinent, enchâssées dans d’épais massifs de verdure, comme des perles au milieu d’émeraudes, de proprettes habitations de paysans, pittoresquement disséminées et toutes fraîches, toutes pimpantes comme de rieuses villageoises, par un jour de fête. Au premier aspect vous vous sentez, en les voyant, pleins de gaieté, de force et de santé ; mais bientôt vous subissez l’influence d’un je ne sais quoi qui vous alanguit et vous pénètre d’une rêveuse mélancolie, toute pleine d’inimaginables voluptés. Tranquillement assis à l’ombre d’un arbre, vous croyez entendre la montagne endormie, s’animer comme par enchantement pour venir répondre aux bruits de la vallée, et, dans ce duo de la feuille qui chante et du roc qui mugit, vous retrouvez le caquetage de deux vieilles commères qui se rencontrent.

Que de propos en l’air jette la vallée ! que de paroles imprudentes laisse échapper la montagne ! ce serait certes une belle langue à étudier ; il y aurait là plus de philosophie à recueillir que dans les songes creux des philosophes, qui n’en savent pas faire d’autres.

Et puis quoi de plus doucement délicieux, tout en prenant le frais sous ces hospitalières draperies de verdure, où les fleurs vous enivrent de leurs senteurs embaumées, que d’entendre le petit ruisseau