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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/110

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tairement elle le cherchait dans les retraites les plus solitaires, elle l’appelait, elle lui tendait les bras, suppliant Dieu de le lui rendre, et demandant au vent qui agitait le feuillage de lui apporter un son de sa voix, aux nues voyageuses de lui parler de lui, aux hirondelles qui volaient dans l’espace, d’aller lui dire sa tristesse et son abandon : inutiles prières ! rien autour d’elle ne semblait partager l’agitation passionnée de son âme, et comme toujours son cœur devenait d’autant plus captif qu’il se révoltait contre le joug et s’efforçait de secouer son esclavage.

Enfin quand revint le mois de mai, quand la campagne se diapra de nouveau de sa mosaïque de fleurs nuancées, quand les grands arbres revêtirent leur parure d’été, quand la fleur d’amour reverdit, Blondinette l’alla cueillir et la cacha discrètement comme une confidente bien-aimée entre deux frais boutons de rose, d’un éclat plus vif encore et que j’eusse de beaucoup préféré pour ma part. — Sans vous connaître, vertueux lecteur, je parierais bien que vous pensez de même. Mais passons.

Bientôt, pensait-elle, mon Raoul reviendra, et son âme confiante s’endormait dans les illusions de l’espérance.

Chaque fois que le vent soulevait au loin des tourbillons de poussière, c’était pour elle le pas