Aller au contenu

Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/109

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Depuis ce jour, la pauvre enfant s’en fut chaque soir, rêveuse et pâle, s’asseoir sous les grands saules dont chaque feuille en se heurtant contre sa compagne semblait redire tout bas le nom de son amant chéri.

Pour elle plus de joies, plus de plaisirs folâtres ! Triste et chancelante elle se promenait dans l’ombre, pâle comme un clair de lune, légère comme un génie de la nuit. La tête perdue, dévorée par la fièvre elle s’efforçait de trouver dans l’air le souffle qui devait éteindre la flamme qu’elle portait dans son sein ; mais l’air n’exhalait pas cette brise salutaire. Bien au contraire plus elle allait plus la blessure de son cœur s’élargissait, plus elle apprenait, la pauvrette, à connaître tout ce qu’il y a d’amer à ne plus voir celui qu’on aime, à n’avoir plus de lui qu’un souvenir qui s’enfuit comme une ombre devant votre pensée vagabonde ; plus elle se désolait de ne point avoir le bien-aimé de son cœur à ses côtés, au sein de cette nature parée des trésors de la terre et du ciel. Il lui semblait qu’une voix mystérieuse lui parlât dans le silence : une flamme intérieure la brûlait, de vagues désirs l’assiégeaient et le passé se dressait, devant chacun de ses pas, sous les traits de son adoré. Jamais elle n’avait aussi bien su combien il lui était cher, que depuis qu’il était ravi à ses caresses. Involon-