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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/117

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c’était un infaillible moyen d’en faire perdre le souvenir ; mais leur frayeur fut extrême quand ils virent l’image fendre le torrent et s’en retourner dans l’endroit d’où on l’avait tirée. »

Ce nouveau miracle rendit plus que jamais célèbre la dévotion nouvelle. Habitants des villes, habitants des campagnes, nobles, bourgeois, marins, paysans, de près, de loin, tous se rassemblèrent en grande troupe sur les chemins, tous accoururent rendre hommage à Marie, dialoguant leurs cantiques tout en marchant, comme autrefois les tribus d’Israël. Les puissants du jour, les princes eux-mêmes voulurent donner l’exemple de soumission à la reine du ciel, et les trois rois de Navarre, d’Aragon et de Béarn, réunis en même temps aux pieds de sa sainte image, rappelèrent le souvenir des trois rois d’Orient conduits par une même étoile au berceau du Christ.

Bientôt, il ne fut plus question que des nombreux miracles qui s’y opéraient chaque jour. Tous arrivaient, tous invoquaient, tous étaient secourus ; les aveugles voyaient, les sourds entendaient, les boiteux jetaient leurs béquilles pour s’en retourner.

Cela dura jusqu’au jour fatal où les guerres de religion vinrent ensanglanter tout le Béarn. Saccagée, pillée, incendiée par les hordes furieuses du