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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/124

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vers les vitraux brisés. Je croyais être seul ; l’espérance, le souvenir, le regret des heures perdues et des affections calmées, mais non éteintes, remplissaient mon âme. En portant mes regards autour de moi, j’aperçus dans l’ombre un grand jeune homme pâle, à la tête inspirée, qui se tenait non loin, prosterné comme l’humilité ou le remords.

Tout dans son extérieur trahissait un de ces profonds découragements où l’âme déchirée n’aspire qu’à l’éternité du repos. De longs cheveux bruns, séparés sur le haut du front, tombaient en désordre sur ses épaules ; son œil, d’une fixité effrayante, regardait et ne paraissait point voir ; sa grande taille et la couleur noire de ses vêtements lui donnaient enfin je ne sais quel aspect étrange, saisissant. Rien qu’à le voir, on devinait qu’il en était arrivé à l’une de ces heures fatales dans la vie où le jour se montre à vous sans mouvement, la nuit sans poésie, et où la nature, ennuyée et morose comme votre âme, ne vous offre partout que plaines sans verdure, horizons sans lumière, amours sans espérances ; une de ces heures où l’on demande à Dieu de mourir, et où le monde a beau passer devant vous avec ses joies, ses ivresses et ses gloires, car on trouve ses joies stériles, ses ivresses amères, ses gloires ridicules.

Instinctivement je m’approchai de lui, et, lors-