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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/125

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qu’il se leva, lui adressant la parole : « Mon frère, lui dis-je, que Dieu vous exauce ! » Il secoua sa belle tête, digne de servir de modèle au Carrache, et me salua sans répondre.

Alors, moi, pressentant une histoire qui devait être un roman, je repris d’une voix où la curiosité se cachait sous les dehors de la sympathie :

— Heureusement qu’aux enfants des hommes qui gémissent et qui pleurent il reste un sûr et infaillible refuge, l’église.

— Hélas ! me répondit-il d’une voix grave et contenue par la majesté du lieu dans lequel nous nous trouvions, hélas ! il y a des malheurs si terribles, que même la prière et le calme des saints lieux ne donnent pas la force de les supporter.

— Vous qui semblez si jeune, il n’est pas possible…

— C’est justement dans la jeunesse que nous sommes plus que jamais sensibles aux coups du sort. Mais on dit que les premières années sont oublieuses… Qu’il en soit ainsi pour moi !

Tout en causant, nous arrivâmes à la sortie. Mon compagnon entr’ouvrit la porte pour me laisser passer ; mais je ne voulus pas, et, la retenant à mon tour, l’invitai du geste à sortir le premier. Cette attention parut le toucher, et nous liâmes enfin conversation. Il me parla longtemps d’une