Aller au contenu

Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/157

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

muse, douce comme le souffle embaumé du matin, mélancolique comme la brise du soir, vous a bien souvent fait verser les généreuses larmes de la sympathie. Vous l’allez reconnaître.

Il ressemble à s’y méprendre au portrait de Van Dyck, tel que ce grand peintre nous l’a lui-même tracé. Il est mince, grand, élancé. Son visage blanc et pâle a cette teinte merveilleusement diaphane que les peintres chinois prêtent à leurs figures fantastiques. Tout autour de son front extraordinairement découvert, comme pour montrer combien est vaste le foyer de son intelligence de feu, se déroulent négligemment rejetées en arrière les capricieuses boucles d’une de ces chevelures d’or qu’affectionnaient tant Michel-Ange et Sanzzio d’Urbin. Sa bouche étonnamment petite pour un homme, et spirituelle comme celle de Voltaire, n’a qu’un défaut, celui d’être éternellement plissée par un sardonique et moqueur sourire, indice de son caractère désespérément caustique. Son regard profond et bleu comme l’Océan, semble, lorsqu’il s’arrête sur une femme, illuminé de cette lueur magique aux ardeurs de laquelle toute résistance se fond, et qui vous promet mille voluptés enchanteresses pour l’heure divine où l’on s’abîme à deux dans les silencieuses harmonies du cœur. Sa mise enfin a toujours ce caractère de bon