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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/158

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goût exquis et de laisser aller dans la recherche qui caractérise l’homme du monde, artiste.

À un mouvement que je fis, il se retourna et je reconnus en lui mon ami, mon frère, Paul de S…..

En un instant, je volai dans sa chambre et le serrai dans mes bras, mais quand je relevai la tête, je vis ses yeux humides de larmes.

— Qu’as-tu ? lui dis-je. Tu sembles triste, souffrirais-tu ? Quelle est cette femme dont tu contemplais l’image tout à l’heure avec une aussi fiévreuse exaltation.

— Oh ! ne m’interroge pas là-dessus, je t’en prie.

— Un secret pour moi, Paul, pour moi, ton plus intime ami ! oh ! c’est mal, bien mal.

— Eh bien, non, je vais te l’avouer. Regarde… n’est-ce pas qu’elle est belle, bien belle, cette femme avec ses grands cheveux d’or, comme ceux des vierges de Raphaël, avec son cou de neige, dont les ondulations doivent être mille fois plus souples que celles des lianes d’Amérique ? Regarde, sa peau, d’une blancheur étincelante, est si fine que les moindres veines y coulent en filets d’un bleu transparent. C’est comme une surface d’azur et d’albâtre que ne sillonne aucune ride, et que n’altère aucun nuage. Quant à ce corsage, où l’élégance et la force, la délicatesse et l’ampleur s’harmonisent si bien, n’est-ce pas celui d’Ève ou