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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/168

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vie, Mais allez ailleurs impétrer bénéfice, car de mon héritage vous n’aurez nient, et une fois pour toutes, je vous le défends. » Le clerc se douta du chevalier, car il étoit crueux, et n’osa persévérer. Si ce cessa ; et s’avisa qu’il s’en retourneroit en Avignon ou en son pays, si comme il fit ; mais quand il dut partir, il vint en la présence du seigneur de Coarraze, et lui dit : « Sire, par votre force et non par le droit vous me ôtez et tollez les droits de mon église, dont en conscience vous vous mesfaites grandement. Je ne suis pas si fort en ce pays comme vous êtes, mais sachez que, au plus tôt que je pourrai, je vous envoierai tel champion que vous douterez plus que vous ne faites de moi. » Le sire de Coarraze, qui ne fit compte de ses menaces, lui dit : « Va à Dieu, va, fais ce que tu peux ; je te doute autant mort que vif. Jà pour tes paroles je ne perdrai mon héritage. »

« Ainsi se partit le clerc du seigneur de Coarraze et s’en retourna je ne sais quel part en Cataloigne ou en Avignon. Et ne mit pas en oubli ce qu’il avoit dit au partir au seigneur de Coarraze ; car quand le chevalier y pensoit le moins, environ trois mois après, vinrent en son chastel de Coarraze, là où il se dormoit en son lit de lez de sa femme, messagers invisibles qui commencèrent à bûcher et à tempêter tout ce qu’ils trouvoient parmi ce