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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/169

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chastel, en tel manière que il sembloit que ils dussent tout abattre ; et bûchoient les coups si grands à l’huys de la chambre du seigneur, que la dame qui se gisoit en son lit en étoit toute effrayée ; le chevalier oyoit bien tout ce, mais il ne sonnoit mot, car il ne vouloit pas montrer courage d’homme ébahi ; et aussi il étoit hardi assez pour attendre toutes aventures.

« Ce tempêtement et effroi fait en plusieurs lieux parmi le chastel dura un long espace et puis se cessa. Quand ce vint à lendemain, toutes les mesnies de l’hostel s’assemblèrent et vinrent au seigneur, à l’heure qu’il fut découché, et lui demandèrent : « Monseigneur, n’avez-vous point ouy ce que nous avons à nuit ouy ? » Le sire de Coarraze se feignit et dit : « Non, quelle chose avez-vous ouy ? » Adonc lui recordèrent-ils comment on avoit tempêté aval son chastel et retourné et cassé toute la vaisselle de la cuisine. Il commença à rire et dit que ils l’avoient songé et que ce n’avoit été que vent. « En mon Dieu, dit la dame, je l’ai bien ouy. »

« Quand ce vint l’autre nuit après ensuivant, encore revinrent ces tempêteurs mener plus grand’noise que devant, et bûcher les coups moult grands à l’huys et aux fenestres de la chambre du chevalier. Le chevaillier saillit sus en-my son lit, et ne se put ni se volt abstenir que il ne parlât et ne