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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/174

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« — Par Dieu ! Orton, dit le sire de Coarraze, je t’aimerois mieux si je t’avois vu. » Répondit Orton : « — Et puis que vous avez tel désir de moi voir, la première chose que vous verrez et encontrerez demain au matin, quand vous saudrez hors de votre lit, ce serai-je. — Il suffit, dit le sire de Coarraze. Or, va, je te donne congé pour cette nuit. »

« Quand ce vint au lendemain matin, le sire de Coarraze se commença à lever, et la dame avoit telle paour que elle fit la malade, et que point ne se leveroit ce jour, ce dit-elle à son seigneur, qui vouloit que elle se levât. « Voire, dit la dame, si verrois Orton. Par ma foi, ne le veuil, si Dieu plaît, ni voir ni encontrer. » Or, dit le sire de Coarraze : « — Et ce fais-je. » Il sault tout bellement hors de son lit, et cuidoit bien adonc voir en propre forme Orton, mais ne vit rien. Adonc vient-il aux fenêtres et les ouvrit pour voir plus clair en la chambre, mais il ne vit rien chose que il put dire : « Vecy Orton. »

« Ce jour passé, la nuit vint. Quand le sire de Coarraze fut en son lit couché, Orton vint et commença à parler ainsi comme accoutumé avoit. — Va, va, dit le sire de Coarraze, tu n’es qu’un bourdeur, tu te devois si bien montrer à moi hier qui fut et tu n’en as rien fait. — Non ! dit-il,