Aller au contenu

Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/173

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en mettiez en peine si me saurez à dire de qu’elle forme il est et de quelle façon. Vous m’avez dit qu’il parole le gascon si comme moi ou comme vous. — Par ma foi, dit le sire de Coarraze, c’est la vérité, il le parole aussi bien et aussi bel comme moi et vous ; et par ma foi je me mettrai en peine de le voir, puisque vous me le conseillez. »

« Avint que le sire de Coarraze, comme les autres nuits avoit été, étoit en son lit en sa chambre, de côté sa femme, laquelle étoit jà toute accoutumée de ouïr Orton et n’en avoit plus nul doute, lors vint Orton, et tire l’oreille du seigneur de Coarraze qui fort dormoit ; le sire de Coarraze s’éveilla tantôt et demanda : « — Qui est-celà ? » Il répondit : « — Ce suis je, voire Orton. — Et d’où viens-tu ? — Je viens de Prague en Bohême ; l’emperière de Rome est mort. — Et quand mourut-il ? — Il mourut devant hier. — Et combien a de ci en Prague à Bohême ? — Combien ? dit-il ; il y a bien soixante journées. — Et si en es-tu sitôt venu ? — M’ait Dieu ! voire, je vais aussitôt ou plus tôt que le vent. — Et as-tu ailes ? — M’ait Dieu ! nennil. — Et comment donc peux-tu voler sitôt ? » Répondit Orton : « — Vous n’en avez que faire du savoir ; suffise vous quand vous me oyez et je vous rapporte certaines et vraies nouvelles.