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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/196

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venu ; Bos est l’ami de mon maître ; Bos, j’illumine la vallée pour ton retour, mieux que les cierges de ta chapelle. »

Un instant après, il était devant une autre montagne qu’il reconnut à la clarté des étoiles. C’était celle de Campana, qui sonne lorsqu’il arrive malheur au pays. Bos se trouva dedans, sans savoir comment cela s’était fait, et vit qu’elle était creuse jusqu’au sommet. Une cloche énorme d’argent bruni descendait de la plus haute voûte ; un troupeau de chèvres noires était attaché au battant. Bos comprit que ces chèvres étaient des diables ; leurs queues courtes frétillaient convulsivement ; leurs yeux étaient comme des charbons allumés ; leur poil tremblait et se recroquevillait comme les rameaux verts sur la braise ; leurs cornes étaient pointues et tortues comme des épées de Syrie. Quand elles aperçurent Bos et le démon, elles vinrent sauter autour d’eux avec des bonds si brusques et des yeux si étranges, que le bon chevalier sentit le cœur lui manquer. Ces yeux formaient des figures cabalistiques et dansaient à la façon des feux follets d’un cimetière ; puis elles se mirent sur une seule ligne et coururent en avant ; le battant d’acier heurta la paroi sonore, une voix immense sortit en roulant de l’argent qui vibrait ; Bos crut l’entendre jusqu’au fond de sa cervelle ; les palpi-