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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/195

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rizon à l’autre, et sur eux, des vaisseaux noirs pareils à des hirondelles ; plus loin, une île à trois côtés, avec une montagne creuse pleine de feu et un panache de fumée jaune ; puis encore la mer. La nuit tombait, quand une rangée de montagnes se leva dans les bandes rouges du couchant. Bos reconnut les cimes dentelées des Pyrénées, et fut rempli de joie.

Le diable lui dit : « Bos, viens d’abord chez mes serviteurs de la montagne. En bonne conscience, puisque tu rentres au pays, tu leur dois une visite. Ils sont plus beaux que tes anges, et t’aimeront, puisque tu es mon ami. »

Le bon chevalier eut horreur de penser qu’il était l’ami du diable, et le suivit à contre-cœur. La main du diable était comme une serre, il allait plus vite que le vent. Ils traversèrent un mur de nuages et s’arrêtèrent sur le pic d’Anhie. Au même instant, l’éclair fendit la masse de vapeurs. Bos vit un fantôme haut comme un grand pin, la face ardente comme une fournaise, enveloppé de nuées rouges. Des auréoles violettes flamboyaient sur sa tête ; la foudre rampait à ses pieds en traînées éblouissantes ; tout son corps resplendissait d’éclairs blancs. Le tonnerre éclata, la cime voisine croula, les roches renversées fumèrent, et Bos entendit une voix tonnante qui disait : « Bos est re-