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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/198

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blanche était aussi légère que la vapeur aérienne des cascades ; leur écharpe de la couleur de l’arcen-ciel. Bos crut l’avoir vue autrefois flottante au bord des précipices, lorsque la brume matinale s’évaporait aux premiers rayons. Elles filaient, et leurs rouets tournaient si vite qu’on ne voyait pas la roue. Elles se levèrent toutes ensemble, et chantèrent de leur petite voix argentine : « Bos est revenu ; Bos est l’ami de notre maître ; Bos, nous te filerons un manteau de soie en échange de ton manteau de croisé. »

Enfin, le pauvre Bos, trempé d’une sueur froide, fut porté tout d’un coup au pied du château de Bénac, et le diable lui dit : « Bon chevalier, va donc retrouver ta femme ! » Puis il se mit à rire avec le bruit d’un arbre qui craque, et disparut, laissant derrière lui une odeur de soufre. Le matin paraissait, l’air était froid, la terre mouillée, et Bos grelottait sous ses haillons, lorsqu’il vit venir une cavalcade superbe : des dames en robe de brocard, couturées d’argent et de perles, des seigneurs en harnois d’acier poli, avec des chaînes d’or, de nobles palefrois sous des housses écarlates, conduits par des pages en veste de velours noir ; puis l’escorte des hommes d’armes, dont les cuirasses luisaient au soleil. C’était le sire d’Angles qui venait épouser la dame de Bénac. Ils