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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/200

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le plus hideux mendiant. Ceux-ci criaient louange aux mariés, et Bos de fureur grinçait des dents.

Ils suivaient le haut corridor, et Bos vit par la porte l’ancienne salle du festin. Ses armures y pendaient ; il reconnut les andouillers des cerfs qu’il avait tués à coups de flèches, les têtes des ours qu’il avait tués à coups d’épée. La salle était pleine et la joie du festin montait haut sous les voûtes, le vin du Languedoc coulait largement dans les coupes ; les conviés portaient la santé des fiancés. Le sire d’Angles causait bien bas avec la belle dame de céans, qui souriait et tournait vers lui son doux regard. Quand Bos vit ces lèvres sourire et ces yeux noirs rayonner sous le capulet d’écarlate, il sentit son cœur mordu par la jalousie, bondit dans la salle et cria d’une voix terrible : « Hors d’ici, traîtres ; je suis le maître d’ici, Bos de Bénac ! — Mendiant et menteur ! dit le sire d’Angles. Nous avons vu Bos tomber mort sur le bord du fleuve d’Égypte. Qui es-tu, misérable vagabond ? Ta figure est noire comme celle des damnés Sarrasins. Vous êtes tous les amis du diable ; c’est le malin esprit qui t’a conduit ici. Chassez-le et lâchez les chiens sur lui. »

Mais la dame miséricordieuse demanda qu’on fît grâce au malheureux fou. Bos, blessé par sa conscience, croyant que chacun savait son péché,