Aller au contenu

Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/206

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pulcres toujours béants, comme s’ils étaient la gueule de l’insatiable mort.

Les traditions du pays expliquent merveilleusement cette hallucination des sens, ces illusions du vertige, que le génie des poëtes allemands s’est plu à faire fantastiquement tournoyer sur le bouclier à facettes de l’Adamastor des montagnes.

Chacun de ces rochers, de ces gouffres, de ces abîmes est sous l’invocation d’une fée malfaisante que le montagnard appelle la Fée des Vertiges.

Ces sirènes dangereuses — une des plus poétiques réminiscences des superstitions antiques que le flot vainqueur du christianisme ait respectée dans sa course à travers les âges — ces sirènes dangereuses aux regards de flamme, aux provocations ardentes, fascinent le voyageur imprudent qui ose contempler leur sauvage beauté. Éperdu, le cœur serré d’effroi, il sent bien tout à coup un secret pressentiment de malheur prochain courir dans ses veines avec le frisson ;… mais il n’est plus temps.

Le fils d’Ève paie de sa vie les imprudences de sa curiosité, et l’on entend les rires d’une joie satanique se mêler aux rumeurs du vent.

L’une des dernières victimes dont le pays conserve le souvenir fut un jeune homme de Paris, de grande naissance, Jules de S…..