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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/207

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Voici maintenant comment j’appris son histoire.

Un jour que les médecins m’avaient ordonné les eaux de Cauterets et que j’approchais du pont d’Espagne en compagnie de Latapie, mon guide, je l’entendis tout à coup s’écrier, avec une sympathique intonation :

— Ah ! voilà le vieux père Jacques !

— Et qu’est-ce que le père Jacques ? lui dis-je.

— Le père Jacques, Monsieur !… Ah ! dame ! c’est un bon vieux brave homme qui demeure depuis bien des années en ce pays, et qu’on voit venir, chaque matin, s’agenouiller au pied de cette croix.

Je regardai alors avec attention l’inconnu qu’il me désignait et fus frappé de voir, malgré son âge, sa démarche encore ferme et assurée. Parvenu à l’extrémité du rocher, il s’arrêta, se mit à genoux, fit dévotement le signe de la croix et sembla prier avec tant de ferveur que ma curiosité s’en trouva vivement piquée.

Je demandai à Latapie s’il savait pourquoi ce bon vieillard venait prier ainsi chaque jour…

— J’en sais bien quelque chose, me répondit-il, mais je n’ai jamais entendu le père Jacques raconter son histoire, et j’aurais peur de me tromper. Si Monsieur voulait bien la lui demander à lui--