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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/208

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même, je suis bien sûr qu’il la lui conterait tout au long.

Je m’avançai alors, et le père Jacques, entendant le sable crépiter sous mes pas, releva la tête et tressaillit comme frappé d’une apparition… Ses mains s’élevèrent vers le ciel, ses lèvres articulèrent des mots sans suite, et ses yeux se fixèrent sur moi avec une indéfinissable expression de crainte et de bonheur.

— Ah ! mon Dieu !… c’est monsieur Jules ! c’est monsieur Jules !… exclama-t-il ; et ses larmes redoublèrent abondamment.

— Détrompez-vous, brave homme, lui dis-je en l’aidant à se relever, je ne suis pas celui que vous pensez…

Mais il ne m’écoutait pas et répétait avec anxiété en me désignant la pointe du rocher :

— Prenez garde !… prenez garde !… éloignez-vous… votre vie en dépend.

Je me reculai alors et, dès qu’il me vit hors de tout danger, l’effroi, qui se peignait jusque-là sur son visage, fit place à la plus douce bienveillance.

— J’étais venu, lui dis-je, pour vous prier de me faire connaître la cause de votre profonde dévotion sur cette partie écartée de la roche ; mais l’impression fâcheuse que ma présence inattendue