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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/220

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beau, dans son front, dans ses joues humidement veloutées d’une chaste transparence.

Quiconque enfin les eût suivis les eût entendus échanger à voix basse ces mille riens qui sont toute la vie à vingt ans.

Quand ils furent arrivés à la roche fatale, ils s’assirent tous deux, et la tête nonchalamment appuyée sur les genoux de son aimé, la belle enfant se mit à chanter, d’une voix mélodieuse comme une brise de mai, la suave et douce chanson que voici :

« La blanche, aubépine, le troène pénétrant fleurissent pour nous !

« Le ciel bleu déroule sur nos têtes ses belles draperies parsemées d’étoiles.

« Ô mon beau chevrier ! viens me baiser des baisers de ta bouche.

« Assise à l’ombre de mon bien-aimé, je suis heureuse. Mets ta main sur mon cou ! Dis, quelles caresses veux-tu ? Je suis ton esclave.

« La tourterelle s’enfuit au loin dans les bois, jalouse de nos baisers qu’elle surprend en passant à tire d’aile…

« Non, c’est la bruyère qui tombe, l’aubépine qui pleure ses larmes de fleurs !

« La fossette de tes joues est plus perfide que les gouffres de nos montagnes ! Les boucles de tes