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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/225

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comme à quinze ans et sans se trouver infidèle il échangeait avec une autre des serments éternels. Ce sentiment nouveau, qui avait envahi son âme, était si différent des premiers qu’il avait ressentis, qu’il ne crut même pas faillir à cette promesse d’union que l’imprudence de deux familles n’avait pas hésité à jeter dans la balance du sort.

La jeune fille seule continua de s’endormir heureuse, insouciante dans les délices de la seule passion qui remplit son cœur jusqu’à ce qu’une heure fatale et terrible vint sonner pour elle au cadran de la désillusion.

Ce fut durant cette rêveuse et sentimentale excursion qu’ils avaient, comme je vous l’ai dit plus haut, eu l’imprudence d’aller faire ensemble à cette roche maudite, qu’on a depuis surnommée la Roche du Crime.

Assis tous deux sur un tertre de gazon, tertre assez rare, oublié là par les orages, ils admiraient une fois de plus la magnificence des deux immensités déroulées devant eux ; sur leurs têtes, l’immensité du ciel ; à leurs pieds, l’immensité de l’abîme ; quand tout à coup, je ne sais comment, la conversation cessa.

Peut-être la jeune fille comparait-elle son cœur, cet autre abîme qu’une affection puissante emplissait tout entière à cet horizon immense qui s’éten-