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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/238

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qui protége leur faiblesse, mais une autre expression qui retenait les cœurs. Sans avoir encore subi aucune altération, sa beauté n’avait plus sa première fleur. Le vice ne l’avait pas encore flétrie, mais il l’avait touchée. C’était à son contact que les regards de cette femme s’étaient animés, que ses lèvres s’étaient entr’ouvertes, que sa chair avait frissonné. Il y avait dans sa pensée la conscience de la volupté qu’elle éveillait ; dans ses gestes, dans ses mouvements, un mélange singulier de soumission et d’emportement, de tendresse infinie et de passion ardente, enfin, dans toute sa personne, dans ses transports de joie comme dans sa tristesse, dans son repos comme dans ses vivacités, dans ses yeux suppliant ou lançant des flammes, ces brusques contrastes qui ont leur source dans les agitations du cœur, et cette empreinte visible dont l’amour marque toutes les courtisanes.

En la voyant, la comtesse pâlit étrangement : une indéfinissable expression de haine et de douloureuse sympathie traversa son regard : tout son sang se glaça, et elle crut qu’elle allait s’évanouir encore.

— Pardonnez-moi, mon enfant, dit-elle enfin d’une voix lente et profonde, si je pénètre ainsi chez vous, moi que vous ne connaissez point ;