mais on m’a dit que vous étiez bonne, et j’aurais une grâce à vous demander.
— Une grâce à moi ? reprit Juanita étonnée et ne devinant pas en quoi elle pouvait être utile à une aussi belle dame.
— Oui, mon enfant, une grâce ; celle de m’avouer vous-même quels sont les liens qui vous unissent au beau jeune homme qui, chaque soir, vous vient trouver mystérieusement.
— Oh ! mon Dieu, ils sont bien simples, madame, ce sont ceux d’une éternelle reconnaissance ; car orpheline et manquant de tout, je serais morte de faim et de misère sans les bontés de toutes sortes dont il me comble chaque jour, à la seule condition de ne recevoir que lui.
— L’aimez-vous ? balbutia la comtesse d’une voix étranglée.
— Si je l’aime ! exclama la belle enfant avec les fauves regards d’une tigresse à laquelle on veut ravir ses petits : plus que tout au monde !…
— C’en est assez, jeune fille, continua la pauvre délaissée ; gardez le plus grand secret sur ma visite ; demain, à la même heure, je reviendrai ; mais jusque-là, je vous en supplie, au nom de ce que vous pouvez avoir de plus cher, pas un mot à qui que ce soit !…
— Foi de Gitana ! je vous le jure, reprit la