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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/250

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LES SERPENTS PYRÉNÉENS.

Ici nous retrouvons ce mystérieux reptile, ces hydres fantastiques et monstrueuses qui, depuis le paradis terrestre jusqu’aux temps modernes, n’ont pas un seul instant cessé de ramper dans les sentiers de mille traditions diverses.

« Le serpent fut, dans les Pyrénées comme dans l’Inde splendide, comme dans l’Afrique brûlée, l’objet de l’attention tremblante des hommes. Aujourd’hui même, il est plus d’un pasteur aux vallons de Bigorre, qui le croit doué d’un pouvoir malfaisant, incomparable. Le coq à peine a-t-il pondu ses œufs, qu’il les va cacher sous des fumiers impurs. Couvé par cette intime chaleur, le serpent sort de l’œuf. Et qu’attendre d’une naissance si étrange, d’un berceau si immonde ! Le hideux reptile aspire tous les êtres qui sont à sa portée, et les dévore. Il fait venir à lui, par la puissance de son haleine, les petits oiseaux, hélas ! et les petits enfants !

« Or, un des plus grands serpents qu’on ait jamais vu, se traînait jadis sur le plateau d’une montagne verdoyante, d’une indicible beauté. Au pied de cette montagne et de plusieurs autres, qui forment un amphithéâtre vaste et serein, s’étend une