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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/253

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nous vous allons rapporter tout d’abord, pour vous mieux faire sentir la vraisemblance de notre hypothèse — le feu central, l’inextinguible foyer auquel la science attribue l’origine des lacs, est comparé à un énorme serpent sorti, comme dans la légende bigorraise, d’un œuf de coq couvé dans le fumier.

Heren-sugue est le nom du monstre, dont les sept gueules flamboyantes — évidemment sept volcans — se manifestèrent un jour d’une effroyable façon.

Depuis longtemps le terrible dragon dormait paisiblement sous terre, enroulé sur lui-même au bord du lac de Feu. Le souffle seul de sa puissante respiration retentissait au loin dans les échos de l’enfer. Tout à coup de fiévreux tressaillements semblent s’emparer du monstre assoupi : il s’agite convulsivement, et l’on dirait qu’il va sortir de sa léthargie. Peuples de la terre, tremblez ! son réveil sera terrible et fatal.

En effet, à peine l’ange de Dieu a-t-il laissé tomber dans l’Océan la soixantième goutte d’eau de sa clepsydre qui marque le temps, et de ses sept trompettes d’airain entonné le signal de la destruction, que le Heren-sugue s’éveille, fait craquer ses sinistres mâchoires d’où sortent des volcans, consomme en dix jours toute l’ancienne terre, et de sa large queue, plus habile que celle