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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/254

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de l’industrieux castor, pétrit celle qui subsiste, dans les eaux fumantes du déluge.

Quand une fois son œuvre fut achevée, le gigantesque serpent, comme un ver à soie enchâssé dans sa coque, se replia sur lui-même, se rendormit ; et maintenant, doucement bercé par quatre génies attentifs à le veiller jour et nuit, il attend insoucieusement l’aurore d’une nouvelle perturbation, tout en laissant reposer sa formidable tête sur les genoux d’une jeune femme de beauté idéale, servilement attachée à son sort par la force d’une incantation qu’aucune puissance humaine ne saurait rompre.

Sa destinée dépend de celle d’un œuf mystérieux qu’un ramier bleu couve sur quelques brins d’herbe, tout à l’extrémité du plus inaccessible sommet des Pyrénées. Le jour où cet œuf fatidique sera brisé, tous les tonnerres de l’abîme éclateront de nouveau, des torrents de lave bouillante jailliront de dessous terre, et, pour la seconde fois, Heren-sugue dévorera le monde. Seulement, rassurez-vous, mes belles lectrices, il est presque introuvable ce précieux œuf, et si les calculs de l’école d’Alexandrie ne sont point faux — comme le sont beaucoup trop souvent, hélas ! les calculs des savants — cinquante-deux mille ans s’écouleront encore avant qu’il ne soit écrasé !