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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/268

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ne purifie pas ; loin de là, ses parrain et marraine la dédièrent au diable, qui s’empressa de partager avec elle une partie de son pouvoir. Aussi la brouche, qui connaît l’origine de sa puissance, ne l’emploie-t-elle qu’à faire le mal ou à tourmenter ses voisins. Elle peut se transformer en vapeur, en eau, en vent, en chien, en chat… Beaucoup de femmes l’ont vue sous ces dernières formes et ne pouvaient même trouver de refuge dans leurs chaumières, malgré la précaution d’en barricader les portes à l’approche de la nuit, car la brouche passe aussi facilement par un trou de serrure que s’il avait les vastes proportions de l’arc de triomphe de l’Étoile. Elle traverse même les murailles, et, plus rapide dans ses voyages que les meilleures locomotives à vapeur, on sait bien positivement qu’elle peut faire cent lieues en moins d’une demi-heure. Si c’est une femme, elle enfante d’immondes reptiles, et quel que soit son sexe, c’est à elle que l’on doit toutes ces maladies singulières que l’on voit résister aux secours de la médecine, cauchemar, somnambulisme, épilepsie. Les contusions, les égratignures, les morsures même que se font les malheureux atteints de cette dernière affection pendant leurs cruels accès nocturnes, sont montrés le lendemain avec terreur, comme les marques incontestables des violences que la brouche a exer-