Aller au contenu

Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/272

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et de la religion qui domine ce peuple essentiellement chrétien, peuple plein de foi, d’une noblesse qui dérive de sa force, et d’une bravoure à toute épreuve pour défendre ses vieilles affections et ses vieilles croyances.

Ainsi les rochers, les cavernes, les lacs, les sources, les fontaines, les rivières, les fleuves, les hêtres, les vieux arbres, ont encore un dieu, des divinités malfaisantes ou propices, que la vengeance et l’amour, que les bonnes ou mauvaises passions prient et révèrent comme aux premiers âges. Si la fontaine arrive, toute vivante de lumière, sans que le montagnard en puisse soupçonner la source ; si par une prodigieuse fécondité elle reproduit en son sein merveilleusement limpide toutes les harmonies qui l’environnent ; s’il entrevoit enfin au fond de ses eaux un ciel pur, des nuages d’argent, des montagnes d’azur, de riantes moissons, comme sur les rives de la Thessalie, il y place aussitôt une nymphe gracieuse qui verse les bienfaits de son urne dans la coupe de celui qui vient faire appel à ses inépuisables bontés. Mais si au contraire, sur sa tête comme au fond des eaux, il n’aperçoit que l’escarpement d’âpres rochers et la sombre horreur de forêts qu’agite un vent sinistre et que recouvre un voile d’épais brouillards, oh ! alors, c’est infailliblement un redoutable génie,