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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/273

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c’est un dieu terrible et farouche qui préside aux destinées de la fontaine. Impossible au savant, par exemple, de retrouver l’origine de ces mythes sans nombre, de relier entre elles, comme le dit M. Cordier, ces croyances éparses, isolées, sans liaison compréhensible, détachées par la puissante main du temps d’un faisceau qui n’est plus, lambeaux informes du manteau de pourpre qui ornait la grande muse tombée du haut des Pyrénées. Le secret de ces traditions vous échappe ; le sens du symbole est perdu ; la profonde sagesse qui se cachait sous les fables premières des peuples s’est à jamais évanouie. Le temps, depuis longtemps, a séché la précieuse liqueur du vase mystique dont le poëte s’efforce en vain aujourd’hui de religieusement ramasser les brillants morceaux, et de tous les mythes anciens, dont le voile, d’une transparence délicieuse, recouvrait toujours un sérieux enseignement, il ne reste plus que de pâles et incolores vestiges, quelques noms à demi effacés sur des fragments de pierre !… Si encore le peuple les avait conservés dans sa mémoire ! mais non — l’ingrat — il les a oubliés et ne se souvient plus que de la bonté de Dieu ou de sa colère !

« Les danses, les jeux du peuple dans ces montagnes, ont leur archéologie ; les chants, les ballades conservés par les vieillards sont des tradi-