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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/278

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d’or et de fleurs des montagnes ; des bracelets d’argent ornent ses bras arrondis. Pour former son corps, l’éternelle sagesse emprunta la taille de la fée d’Aliès. La nuit, montée sur une belle haquenée, blanche comme la neige nouvelle, tombée la nuit même, sur le haut des pics, elle parcourt les vallées. Devine-t-elle le rendez-vous de deux amants, aussitôt elle frappe de sa baguette d’or la porte de la cabane ; c’est la fée du bonheur, c’est Bensozia qui vous vient visiter. Elle vous promet de longues amours, d’heureux hyménées, de beaux enfants, une inaltérable santé. Mais vous lui devez vos hommages et vos offrandes. Chaque jour, durant le printemps et l’été, il faut jeter en secret pour elle, la plus brillante fleur de vos jardins dans le lit du Gave ou du ruisseau qui fertilise la contrée que vous habitez. Chaque nuit d’hiver, il faut répandre encore pour elle quelques gouttes d’huile bien pure sur la flamme du foyer. Interrogez l’une après l’autre toutes les belles et naïves jeunes filles du Lavedan et vous n’en trouverez pas une qui ne vous assure avec une adorable crédulité que dès qu’elles aperçoivent un fil à terre près d’une fontaine, il le leur faut ramasser et enrouler bien vite parce qu’alors le fil s’allongeant sous leurs doigts d’une inexplicable manière, forme bien vite un merveilleux peloton d’où s’échappe une belle fée, qui